Moulinot, spécialiste du recyclage des biodéchets. Interview de Pierre-Alexis Marre

La Fondation a contacté Moulinot, une des références françaises du compost réalisé à partir de matières organiques, dans le cadre de son projet de jardin scientifique et pédagogique. Le partenariat avec l’entreprise, installée à Stains en Seine-Saint-Denis, a donné lieu à un don de 2 m³ cube de lombricompost à l’université Sorbonne Paris Nord. Nous avons interrogé Pierre-Alexis Marre, chargé de développement lombricompost, afin d’en savoir plus sur Moulinot et sur leur procédé de fabrication du lombricompost.

Pourriez-vous nous parler de l’histoire de Moulinot ?

Notre lombricompost Moulinot est né d’une aventure qui a commencé dans les caves d’un restaurant parisien. Stephan Martinez a été l’un des premiers restaurateurs à expérimenter le lombricompostage de ses restes alimentaires. Il a ainsi créé la Moulibox, un mini composteur d’intérieur. Il s’est appuyé sur cet outil pour sensibiliser petits et grands aux atouts du lombricompostage, du recyclage des déchets alimentaires et de la présence indispensable du ver de terre dans les sols.

Lorsqu’en 2012, le contexte réglementaire a évolué et imposé progressivement aux restaurateurs de trier et valoriser leurs biodéchets, Stephan Martinez a mis son expérience à la disposition de tout le secteur de la restauration et a initié le projet Moulinot Compost et Biogaz.

Quelles sont les principales activités de Moulinot ?

Nous récupérons, sur 1400 points de collecte répartis en Ile de France, des biodéchets avec des camions qui roulent au gaz naturel (GNV) produit par ces mêmes biodéchets. Nous faisons traiter les biodéchets en soupe organique destinée à la méthanisation et au compostage. Nous réalisons du lombricompostage avec une partie de ces bio-déchets et nous distribuons ensuite le lombricompost aux agriculteurs, distributeurs et de commerce de détail.

Par ailleurs, Moulinot est un organisme de formation qui a pour volonté d’apporter des connaissances et des compétences sur le secteur des biodéchets. Nous facilitons également l’insertion professionnelle dans des métiers d’avenir autour du développement durable.

Nous avons pour objectif de récupérer les déchets alimentaires des décharges et des incinérateurs, valoriser les déchets alimentaires afin de créer de l’énergie et du compost, créer des emplois dans une nouvelle filière et d’éviter le gaspillage alimentaire

Schéma économie circulaire – moulinot.fr

Vous avez donné 2m³ cube de lombricompost à l’université Sorbonne Paris Nord. Qu’est-ce que le lombricompost et comment est-il fabriqué ?

Il s’agit de compost qui comprend 1/3 de biodéchets et 2/3 de déchets verts. Une fois le mélange réalisé au bout d’une semaine, celui-ci est composté pendant 3 semaines durant lesquelles, il est aéré tous les jours grâce à une retourneuse d’andains. A la fin du processus de compostage, le compost entre en phase de maturation qui va durer 3 à 6 mois. A côté, nous élevons un vivier de lombrics que nous associons ensuite au premier mélange. Ces lombrics vont naturellement consommer la matière organique fraîche qui aura été consommée au bout de 3 à 6 mois. On parle alors de lombricompost.

Quels sont les bienfaits du lombricompost, son intérêt et dans quel cas recommandez-vous de l’utiliser ?

Le déchet alimentaire apporte de la richesse au niveau des éléments minéraux, notamment en azote. De plus, les lombrics permettent de produire de l’humus stable plus rapidement. Cet amendement organique de qualité peut avoir deux utilisations : 

  • En plein champ : 10 à 25 tonnes / Ha en fonction de la fréquence d’apport pour apporter de la matière organique ainsi que de l’azote organique , phosphore et potasse qui seront assimilables au fur et à mesure de l’année.
  • En rempotage : Apporter 1/3 de lombricompost pour 2/3 de terreau pour ne pas brûler vos plantations et apporter juste ce qu’il faut pour nourrir vos plantations.
  • En paillage en permaculture : couche de 1 à 2 centimètres sur les planches de légumes pour apporter de la matière organique et des éléments qui seront amenés aux racines grâce aux pluies. On favorise la création de matière organique en surface et une meilleure rétention en eau des premiers centimètres du sol.