Nous avons interviewé Alexis Fischer, porteur de ce projet soutenu par la Fondation Université Sorbonne Paris Nord et enseignant-chercheur au Laboratoire Physique des Lasers, une unité mixte de recherche de l’université Sorbonne Paris Nord et du CNRS. Cette initiative pédagogique et innovante vise à rendre concrète pour les étudiants la problématique de la contamination par diffusion et dispersion de particules dans l’air, plus d’actualité que jamais avec la crise de la COVID-19.
Pouvez-vous nous parler de la salle propre de l’université Sorbonne Paris Nord, où se déroulera ce projet ?
Ce projet aura lieu à la Centrale de Proximité en Nanotechnologies : la salle blanche, ou plus correctement la salle propre, est un laboratoire de micro et nano-technologies dans lequel on minimise le nombre de particules. Le but est de pouvoir faire des expériences sur des objets scientifiques de tailles inférieures à ces particules.
Des laboratoires de l’université utilisent les équipements mis à disposition dans cette salle pour mener à bien leurs recherches à l’échelle du nanomètre. Il est donc primordial d’avoir une salle la plus pure possible pour travailler sur des objets de taille nanométriques (un milliardième de mètre) car une particule qui se dépose sur des objets de cette taille pourrait gêner leur manipulation ou leur fabrication.
La gestion de la contamination particulaire est donc une problématique centrale dans une salle propre.
Quel est l’objectif de votre projet ?
Nous souhaitons sensibiliser les étudiants sur le principe de la contamination micro-particulaire dans un environnement hautement sécurisé, celui de la salle propre, à l’aide de fumées calibrées comme modèles de contaminants inoffensifs. Le principe de la contamination, très utile en médecine, pharmacie et microélectronique, est rarement enseigné et encore moins visualisé en pratique. Il répond en fait un à double objectif : d’une part transmettre des savoirs disciplinaires applicables notamment à la microélectronique, et d’autre part illustrer la problématique de la contamination aérienne avec une problématique de santé publique qui concerne tout le monde.
Comment allez-vous sensibiliser les étudiants ?
Nous comptons réaliser des séances annuelles d’habilitation comprenant pour chacune d’entre elles un volet pratique en salle blanche, c’est-à-dire dans un environnement hautement sécurisé (ventilation contrôlée des locaux, air hautement filtré, contrôle des flux d’air, port obligatoire du masque, de lunettes, d’une combinaison, de sur-chausses et de gants) où seront visualisés les trajets de fumées calibrées inoffensives.
Par la visualisation et par la mesure, les étudiants auront un aperçu de la façon dont un contaminant inoffensif se propage dans l’air et ce dans l’environnement tout à fait sécurisé et sans risque pour eux qu’est la salle blanche. Des projets tutorés seront proposés aux étudiants, qui leur permettront de capter avec leur smartphone de petites vidéos illustrant ces mesures et qui constitueront de bons vecteurs de diffusion auprès des autres étudiants.
Quel sera le bénéfice pour les étudiants et pour le grand public ?
Ces séances de sensibilisation vont contribuer à la formation des étudiants sur la problématique de la contamination par diffusion et dispersion de particules dans l’air.
Le développement des compétences acquises par les étudiants dans ce domaine seront bénéfiques aussi pour leur insertion en entreprise (microélectronique, pharmaceutique, médical, génie des procédés, etc.) qui pourront aussi s’appuyer sur l’expertise de notre formation. L’idée est que les vidéos faites par les étudiants en salle blanche avec les fumées et les détecteurs de particules soient diffusées largement auprès du grand public.