Nous avons échangé avec Nour Babaali, diplômée du Master d’Ethologie appliquée de l’université Sorbonne Paris Nord et créatrice du projet de médiation animale Sila, qui lui a valu d’être récompensée lors de la dernière cérémonie du Prix Pépite Île-de-France.
Comment est né votre projet Sila et en quoi consiste-t-il ?
Mon projet est né de ma volonté d’intégrer à ma vie professionnelle à la fois mon envie d’aider des personnes en difficulté et ma passion pour les animaux. Je voulais que mon projet professionnel ait du sens pour moi, ainsi qu’une dimension sociale.
Cela fait 5 ans que j’ai découvert la médiation animale et 5 ans que j’ai absolument envie d’en faire mon métier : il y a eu des hauts et des bas, mais je suis finalement parvenue à la conclusion que pour exercer le métier que je désirais vraiment, je devais être à mon compte. C’est pour cette raison que j’ai décidé de créer mon entreprise.
Sila signifie “lien” en arabe, car ses valeurs reposent sur le lien entre l’humain et l’animal et tout ce qu’il peut apporter de beau. Ce projet se veut aussi bénéfique aux humains qu’aux animaux, c’est pourquoi je propose deux sortes de prestations :
- Des séances de médiation animale qui consistent en la mise en relation entre l’humain et l’animal dans le but d’améliorer ou maintenir des capacités physiques, psychiques, motrices, sociales et éducatives. Ces séances sont à destination de personnes fragiles ou vulnérables, telles que les personnes âgées, les personnes en situation de handicap physique ou mental, la petite enfance, les personnes ayant un trouble psychologique, les enfants confrontés à des problématiques d’échec scolaire ou de délinquance, les personnes précaires, etc. Des exercices adaptés à chacun sont construits autour des animaux et à l’aide de matériel pédagogique, pour atteindre des objectifs tels que l’amélioration de la motricité fine, de la mémoire ou du langage.
- Des ateliers d’éducation à l’éthologie qui consistent à sensibiliser les enfants au comportement et au bien-être animal dans le but d’avoir une société future plus respectueuse des animaux. Quatre thématiques différentes sont proposées, adaptées à des niveaux différents, et qui abordent des sujets aussi divers que l’adoption responsable, l’observation du comportement, la compréhension des chiens pour éviter les accidents par morsure…
Vous avez été accompagnée par le programme Pépite CréaJ IDF. Pouvez-vous nous raconter en quoi consiste cet appui et ce qu’il vous a apporté ?
Le Pépite nous propose un accompagnement pendant un an, en organisant des ateliers et conférences sur l’entreprenariat, en nous aidant à participer à des bourses ou concours de projets et en nous assignant un mentor qui nous suit de près régulièrement.
Le mentorat a été très important pour moi car j’avais besoin, pour avancer, de personnes qui croient en mon projet et m’aident à y voir plus clair. Cet appui a été d’autant plus bénéfique avec la crise de la Covid-19 et le confinement qui m’ont initialement beaucoup découragée.
N’évoluant pas auparavant dans le milieu entrepreneurial, j’ai aussi pu profiter des ateliers ressources pour apprendre à créer et développer son projet ou encore connaître toutes les démarches administratives et juridiques.
Vous avez été distinguée lors de la dernière cérémonie du Prix Pépite Île-de-France puisque vous faites partie des quatre lauréates régionales : que représente pour vous ce prix ?
Je suis très contente et fière d’avoir remporté ce prix car cela montre que mon projet intéresse vraiment et qu’il parle aux autres. J’étais agréablement surprise car je ne m’y attendais pas du tout. Sila étant une petite entreprise, je pensais que ce prix valoriserait des projets plus ambitieux, mais le jury a dû être convaincu par le fond, l’originalité et l’impact social de mon projet.
Quelles sont les prochaines étapes pour votre projet ?
Je cherche actuellement à faire gagner en notoriété mon projet et à surmonter la situation de crise actuelle. L’arrivée de la Covid a coïncidé avec le lancement prévu de Sila, et même si je commençais à y voir plus clair en début d’année, la situation sanitaire constitue pour moi un blocage car je travaille notamment en lien avec des publics fragiles.
Je suis actuellement seule à travailler, par conséquent mon territoire d’intervention est limité au sud de l’Ile-de-France, mais si j’arrivais à me développer d’avantage, j’aimerais bien accueillir et former d’autres intervenants afin d’agrandir le champ d’action de Sila.
Mon horizon dans quelques années serait de réussir à ouvrir une ferme pédagogique pour y dispenser sur place des séances de médiation animale et d’éducation à l’éthologie et développer de nouvelles activités et expériences avec les animaux.
Source :
Site internet de l’Université Sorbonne Paris Nord – https://www.univ-paris13.fr/connecter-humains-et-animaux-le-pari-ambitieux-de-nour-babaali/